TURBULENCES-TUNISIE

Chers compatriotes,

Cela ressemble à une mise en garde ! En fait, c’est un cri du cœur. Celui d’un Tunisien envers ses compatriotes. Comme vous tous, je suis l’actualité tunisienne ; comme vous tous, je vis le changement et ses effets sur la vie sociale, économique, touristique et politique. A chaque fois, c’est un sentiment mitigé qui domine. De fierté quand un but est atteint, ou de frustration quand cela n’aboutit pas. C’est un sentiment généralisé qui gagne les foules. Cette fois-ci on demande des comptes, des résultats qui tardent malheureusement à se réaliser. Comme si nous n’étions pas préparés à affronter les difficultés qui nous guettent. Mais le peuple tunisien est fier et courageux. Cette révolution nous a permis de prendre notre destin en main. De gagner notre démocratie et notre liberté.

Le prix à payer est élevé. Des vies humaines sacrifiées, une économie chancelante, une instabilité politique et une insécurité qui ronge le quotidien des gens. Un bilan mitigé. La route de l’espoir est longue à se dessiner. Il y va de la volonté de chacun de nous d’apporter sa pierre à l’édifice afin de construire la nouvelle Tunisie en transmettant le flambeau à nos enfants pour poursuivre la marche en avant sur le chemin de la prospérité et le développement, avec pour mission de se coller au peloton de tête des nations développées et démocratiques.

Assez de divisions et gardons notre unité. Des personnes mal intentionnées peuvent nuire au fragile équilibre de cette démocratie… Restons vigilants ! Et rappelons sans cesse à nos dirigeants le sens et le but du vote qui ont permis de les placer là où ils sont. C'est-à-dire aux postes de commandement. Le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour gagner la confiance du peuple et trouver les solutions qui s’imposent. Social, chômage, sécurité, stabilité, politique, etc. Sans tarder…  Le Tunisien que je suis ne peut pas rester insensible aux événements tragiques qui gangrènent notre société.

Un événement récent s’est produit dans la ville de Bizerte m’a choqué. C’est ce qui est arrivé à ce père de famille franco-tunisien venu passer ses vacances chez lui à Bizerte. Jamel Gharbi, 62 ans, conseiller régional des Pays de la Loire (France) va vivre un cauchemar ! Alors qu’il se promène en ville, en compagnie de sa femme Françoise, et sa fille de 12 ans, portant des tenues estivales, un groupe d’individus n’appréciant pas trop ces habits, se mettent à crier : « Le pays est islamique ! ». Le ton monte et cela dégénère en coups de poing et de pied que l’homme encaisse, et se trouve à terre avec le visage en sang.

Une scène de lynchage ! Pourquoi ? Et de quel droit ? Est-ce le rôle du citoyen de juger et d’exécuter la sentence ? Malheureusement ce n’est pas le seul dérapage. L’affaire du symbole est encore présente. Quand on s’attaque au drapeau tunisien et qu’on l’arrache, là c’est la ligne rouge qu’on dépasse. Du mépris et une insulte envers tout un peuple. Comment en est-on arrivé là ?

Le retrait du drapeau national à la faculté des Lettres de La Manouba est tout simplement un outrage à l’un des symboles de la souveraineté nationale. Manipulation, ignorance ou complot ! Dans tous les cas, ces gestes sont l’œuvre de gens malintentionnés que la justice doit combattre.

Est-ce cette Tunisie que l’on veut laisser à nos enfants ? Un pays déchiré, martyrisé par les actes de quelques excités qui ont confondu Démocratie et Anarchie ? Qui se sentent investis de missions divines jusqu’à l’aveuglement ! Certes, non.

Avis aux détracteurs ! La Révolution du Jasmin n’est pas un château de cartes : Ses nouvelles fondations sont solides. Des fissures sont, malheureusement, apparues. Elles témoignent encore de la fragilité du système et d’une mentalité pas encore à la hauteur de l’événement. Celui de la libération de la parole et de la plume. Mais le gouvernement, non plus, n’a pas été à la hauteur des événements. Le pouvoir s’est montré complètement dépassé et désarmé. Certains diront il a laissé faire.

Ahmed Naoui

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