Révolution du Jasmin

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Le peuple tunisien tient sa révolution. La Révolution du Jasmin. Un soulèvement que l’Histoire jugera.

Comme l’avait écrit le poète tunisien Aboul Kacem Chabbi (24/02/1909-9/10/1934) :

La volonté de vivre

Lorsque le peuple un jour veut la vie

Force est au destin de répondre

Aux ténèbres de se dissiper

Aux chaînes de se briser...

Procédons par étapes. Le 17 décembre 2010, dans une ville tunisienne, Sidi Bouzid, le sort, malheureux, cruel, s’abat sur un jeune vendeur ambulant, chômeur, du nom de Mohamed Bouazizi. Ce jour-là, il se voit confisquer sa marchandise par la police. Pris d’une colère noire, et n’acceptant pas que l’on le prive de son gagne-pain, il s’immole par le feu, provoquant le début d’une vague de manifestations contre le pouvoir. Drame d’un chômage qui gangrène la société tunisienne. Ce qui était au départ un acte isolé se transforme en contestation populaire, qui gagne, tel un ouragan, les grandes villes, Tunisie, Sousse, Gafsa. Les cris de colère montent dans le ciel : « Liberté », « Démocratie », « Dignité », « Travail »… Pour finir par cibler le régime, responsable de tous leurs malheurs.

La confrontation avec les forces de l’ordre était inévitable. La foule, par vagues successives, gagne les grandes villes. C’est le drame. Des balles réelles ont été tirées sur la foule. On dénombre quelque 300 morts et des milliers de blessés sur tout le territoire tunisien.

Des ordres de tirer sur les manifestants ont été donnés. Pendant plusieurs jours, le chaos régna dans la capitale Tunis. L’avenue Habib Bourguiba, théâtre sanglant des événements, va vivre les pires heures de son histoire.

Justement, l’histoire est là pour nous rappeler comment des hommes, au nom de la liberté, se sont dressés contre l’injustice et l’ont payé de leur vie.

Le contexte et les causes diffèrent, certes, des événements tragiques de Sidi Bouzid. Mais il y a un précédent. Retournons quarante-deux ans en arrière, lorsqu’un jeune étudiant tchèque du nom de Jan Palach, alors âgé d’une vingtaine d’années, s’immole par le feu sur la place Venceslas à Prague pour protester contre l’invasion de son pays par l’Union soviétique. C’était le 16 janvier 1969…

Ce geste spectaculaire avait une dimension symbolique et politique, celle de réveiller les consciences populaires contre la répression de l’envahisseur soviétique.

Et l’actualité ne cesse de nous le rappeler. Cette semaine, le Maroc est à son tour touché. Suite à des promesses non tenues par le pouvoir chérifien , quatre personnes se sont immolées. Ce sont des jeunes issus du mouvement des « diplômés chômeurs ». Ils devaient être intégrés dans la fonction publique. Mais après plusieurs mois, et ne voyant rien venir, ils sont passés à l’acte. L’embauche promise n’a pas eu lieu.

La liste ne s’arrête pas là. Samedi dernier à Tel-Aviv, pendant une manifestation célébrant l’anniversaire du mouvement des Indignés israéliens, un homme s’est aspergé d’essence p our protester contre l’Etat israélien pour l’avoir laissé sans ressources.

Partout, les mêmes gestes. Le s revendications des manifestants sont toujours les mêmes: plus de justice sociale

Quelle que soit la cause, l’injustice génère le désespoir qui, à son tour, se transforme en bombe à retardement. C’est ainsi que le peuple, comme un seul homme a poussé Ben Ali à déserter le Palais de Carthage pour se réfugier en Arabie Saoudite. Tout s’est fait dans la précipitation et le désordre !

Le 13 janvier 2011, le président Zine el-Abidine Ben Ali, sentant le vent tourner, joue sa dernière carte, et prononce un discours dans lequel il va promettre du travail, avançant même le chiffre de 350 000 embauches, plus de liberté, etc.

C’était trop tard ! La rue a exigé la chute de Ben Ali et de son régime. L’instauration d’une république tunisienne démocratique.

Le 14 janvier c’est la stupeur. Ben Ali s’enfuit, direction l’Arabie Saoudite. Il abandonne un pays en plein chaos ! Ce départ précipité scelle la chute du régime du Ben Ali et de son parti le RSD, et, miraculeusement, marque le point de départ du « Printemps arabe ».

Rien ne sera plus comme avant. Le peuple tunisien l’a fait. D’autres peuples suivront.

Un sentiment de revanche va réveiller les consciences et animer les foules arabes. D’abord l’Egypte. Tout un symbole. Un grand pays, un grand peuple, une histoire. Le lieu de leurs revendications est déjà choisi. Ce sera « Place Ettahrir ». Epicentre d’où sont parties les contestations. Avec les mêmes mots « Démocratie », « Liberté », « Travail », on a l’impression de revoir le « film tunisien ». Les mêmes morts par balles, les mêmes blessés !

Ils réclament la chute du raïs et de son régime. Comme en Tunisie, le mot DEGAGE s’écrit en grandes capitales. Sur des pancartes écrites en arabe, on y lit « IRHAL », pour signifier la même chose.

Hommes, femmes, jeunes, vieillards, défient l’armée. Celle-ci charge, tire à balles réelles, des manifestants tombent sous l’œil des caméras  qui immortalisent l’atrocité de la scène.

L’effet domino s’est mis en mouvement le 11 février 2011, quand le président Hosni Moubarak démissionne et remet ses pouvoirs au Conseil suprême des forces armées (CSFA). Le 21 janvier 2012, des élections législatives sont organisées. Le PLJ des frères musulmans obtient 47%, et remporte au total les deux tiers des sièges au Parlement. Ce qui constitue une demi-surprise !

A l’élection présidentielle, du 24 juin, le verdict tombe. Mohammed Morsi, issu du mouvement des Frères musulmans remporte la présidentielle avec près de 52% des suffrages, écartant son rival l’ancien Premier ministre Ahmad Chafiq issu de l’armée.

Pris de court, d’autres pays arabes subissent le même sort. Le régime libyen tombe comme un château de cartes. Kadhafi est assassiné. Le Yémen tombe à son tour, après le départ du président Saleh, qui trouve refuge à l’étranger. La Syrie, à son tour, subit une vague de protestations. La foule, opposition en tête, crie sa colère, et réclame le départ de Bashar el Assad et la chute du régime. La situation est carrément explosive. Car le risque d’une guerre civile menace tout le pays. Personne ne veut céder ! Les grandes puissances sont divisées. Des intérêts sont en jeu !

Tous ces pays ont subi un réveil brutal. On se met à rêver d’un monde meilleur, libre et démocratique.

Aujourd’hui, cinquante-six ans après l’indépendance, la jeunesse tunisienne aspire à la liberté, au savoir. Elle a acquis un degré d’instruction qui la situe au niveau des pays développés. L’émancipation de la femme tunisienne est un modèle reconnu partout. L’espoir d’un avenir meilleur, bâti sur des valeurs sûres, est à portée de main.

Certes, c’est un nouvel exercice démocratique, mais nous sommes prêts. Le chemin sera long. Il y aura des joies et des déceptions, mais d’ores et déjà brandir son bulletin de vote sera notre arme citoyenne, pour être maître de son destin. Ce geste a été salué dans le monde entier. La volonté du peuple dominera les débats.

Tout le monde a suivi avec intérêt les élections en Tunisie. C’est ainsi que le 23 octobre, le résultat des urnes a annoncé : 89 sièges sur 217 au Parti islamiste Ennahda. Le parti de Moncef Marzouki, Congrès pour la république, 29, etc.

Le Parlement tunisien issu des premières élections post-révolution est dominé par les islamistes d’Ennahda. Le Premier ministre, Hamadi Jebali, dirige un gouvernement de coalition.

Sur la lancée des élections, Moncef Marzouki est élu président de la République, le 12 décembre. Il nomme, deux jours après, Hamadi Jebali,  Premier ministre.

Cette révolution a coûté cher à la Tunisie. Humainement et politiquement. L’Assemblée se met en place. La tendance est aux couleurs vertes de l’Islam. C’est la volonté du peuple. C’est la démocratie. Le changement suit son cours à un rythme lent. Mais ces bouleversements ont fait des dégâts. Des secteurs de notre économie ont souffert. Les investisseurs ont boudé le pays. Et le tourisme, moteur pour l’emploi et source de devises, a terriblement souffert. Et les revendications sociales se font de plus en plus pressantes. C’est le défi auquel les responsables politiques sont confrontés. Le peuple a voté pour des partis (ou des personnalités), c’est autour de ces élus de montrer leur capacité à gérer le pays, et surtout d’être digne de la confiance que le peuple a placé en eux.

Vive la Tunisie !

Ahmed Naoui
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Commentaires

01.03 | 10:56

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